Comment suis-je arrivé à la création de lampes?
Depuis mon plus jeune âge, je suis attiré par le dessin, la création manuelle, ou de façon plus générale, par l’art.
C’est pour moi un moyen de « libérer des choses », suscitant un mélange de soulagement et de satisfaction une fois l’ouvrage finalisé, quelle que soit sa nature. En entrant au lycée, je m’oriente donc naturellement vers une classe offrant les Arts plastiques comme option.
Après l’obtention de mon Baccalauréat en 1997, j’intègre l’université Paris 8 de Saint-Denis, de nouveau en section « arts plastiques », mais me trouve vite las de l’aspect majoritairement théorique des cours. J’abandonne donc les « bancs de la fac » après quelques mois, retenant cependant quelques notions utiles de ce bref enseignement universitaire.
En quittant le cursus scolaire, rattrapé par une réalité sociale à laquelle je dois rapidement faire face, je délaisse l’art pour un temps et fait mes premiers pas dans la vie active. Je cumule alors les « petits boulots » de 1998 à 1999, sans réel enthousiasme, avant d’être regagné par ce besoin d’utiliser mes mains pour créer. Je choisis donc de suivre deux amis dans l’apprentissage de la coiffure, voyant en cela une bonne occasion de renouer avec le travail manuel créatif tout en étant rémunéré. J’obtiens mon certificat d’aptitude professionnelle en 2001 mais malheureusement, ou peut-être heureusement, je développe une forte allergie aux produits détergents qui marque la fin de mon aventure dans la coiffure.
Un CAP inexploitable et le bac en mains uniquement, les propositions d’embauche auxquelles je peux prétendre se montrent limitées. C’est pourquoi, après quelques semaines de recherche, lorsque l’opportunité se présente, j’intègre sans hésiter le BHV à Paris, en tant que conseiller de vente à l’espace luminaires. Trois ans plus tard, dans ce même magasin, j’assure un remplacement au rayon des pièces détachées pour lampes, ce qui s’avèrera déterminant pour la suite de mon parcours. En effet, une quinzaine de jours après ma prise de poste, assemblant spontanément quelques-unes des pièces en vente sur le rayon, je réalise mon premier luminaire ; une lampe de bureau articulée que je baptiserai à posteriori : « Beginning » (2005).
J’admets avoir développé mon regard sur les lampes et une réelle affinité pour ces dernières au cours de mes années de travail au BHV. Cependant, animé par le rêve de vivre une expérience artistique à plein temps, je quitte ce magasin parisien pour le monde du théâtre. À la fois curieux et fasciné par cet art, je m’y essaie entre 2006 et 2007 en intégrant successivement deux troupes. Toutefois, jugeant l’expérience peu « concluante », je décide de ne pas continuer plus longtemps dans cette direction.
En parallèle de cette brève expérience théâtrale, je crée un deuxième modèle de lampe, la lampe « BoX ». Seulement, ne disposant que d’un outillage sommaire et sans réel atelier, je ne m’engage pas encore dans la création de luminaires de façon régulière.
Mon expérience professionnelle se poursuit alors dans l’accueil, puis la restauration, pour finir par quatre années d’hôtellerie dont trois à évoluer de nuit. À l’issue de ces années, lassé d’une certaine routine, frustré de ne savoir comment exprimer cette envie de créer qui m’habite, et ne sachant plus réellement quoi faire de ma vie, je me sens littéralement faner. En 2013, je m’accorde donc une année sabbatique pour réfléchir plus sérieusement à son avenir.
Après quelques mois d’interrogation, pour ne pas dire d’introspection, je choisi donc de remettre au premier plan ce que j’avais écarté pendant si longtemps, mais qui bouillonnait toujours en moi ; cette envie de créer avec mes mains, de parler avec mes mains. Avec les moyens à ma disposition, soit une caisse à outils rudimentaire et une perceuse électrique, je reprends alors la création de luminaires, cette fois avec un réel objectif, voire plusieurs. Cela dans mon studio de vingt mètres carré, improvisé en atelier pour l’occasion.
Dès ce retour aux arts, les résultats obtenus dépassent mes espérances. Je suis non seulement satisfait mais également surpris à chaque nouvelle lampe créée, ce qui stimule à plus forte raison mon envie de produire. Je consacre dès lors sept années à réaliser des lampes de façon quasi effréné, chacune révélant une facette de ma personnalité, un des aspects de ma sensibilité. Je pourrais de ce fait presque les qualifier d’autoportraits, mais selon moi, elles sont également des témoignages de l’esprit du moment, des reflets de l’air du temps. Témoignages d’une époque où la mécanique, la robotique occupent une place de plus en plus importante et au cours de laquelle le recyclage s’impose plus que jamais.
Mes premières créations
Beginning (2005)
BoX (2007)